1978 ANNÉE TERRIBLE

1978 ANNEE TERRIBLE

Il est des années qui comptent double, triple ou plus. L’année 1978 en fait partie. Replongeons-nous dans un premier temps dans la fin des années 70.

Comme le dit la chanson « je vous parle d’un temps que les – 20 ans ne peuvent pas connaitre ». Pas d’Internet, pas de microordinateur familial, pas de téléphone portable, pas de jeux vidéo. On allait au ciné voir les films au lieu de les télécharger, j’adorais fouiner dans les bibliothèques qui n’étaient pas virtuelles, toutes les occasions étaient bonnes pour se rencontrer, échanger, diner et faite la fête.

Et en 1978 j’étais initié franc maçon. Comment en étais je arrivé là ?

Cela va paraitre prétentieux mais pour moi cela était une évidence, la même qui me fit demander en mariage celle qui presque 40 ans après me supporte encore. Mais ça c’est une autre histoire.

Donc le 25 février 1978 j’avais 21 ans et dans une rue sombre dune petite ville du TARN mes futurs frères s’impatientaient de me voir arriver. A cette époque j’étais TOUJOURS en retard, alors qu'aujourd’hui je suis toujours en avance, comme quoi on peut changer.

Mais circonstance aggravante je fêtais ce soir-là mon 21ème anniversaire chez les parents de ma petite amie et il a bien fallu que je m’arrache de cette compagnie avec difficulté. Ah j’oubliais j’étais bidasse et j’ai eu vraiment de la chance de bénéficier d’une permission pour mon anniversaire. Je ne doutais de rien, mélange d’insouciance et de certitude juvénile. 

C’est donc moi qui suis allé à la Maçonnerie et non le contraire, pas de parrain, pas d’ami franc mac de près ou de loin. Seules mes recherches, mes lectures me conduisent à la Maçonnerie comme une évidence mais ça je l’ai déjà dit.

A vrai dire, je vais vous décevoir, je n’ai qu’un vague souvenir de mon initiation, ma vie changeait tellement dans ces années là, il y a presque 40 ans, que cette cérémonie peu commune me faisait penser à un examen du permis de conduire synonyme- à l’époque - de liberté, de voyage et d’épanouissement. Une étape cruciale dans une vie d’homme, une étape à franchir, presque une formalité à remplir pour avancer.

Naïf, un peu trop naïf sans doute la maçonnerie était pour moi une histoire d’amour, l’entrée dans une seconde famille. La loge qui m’accueillait – je le sais aujourd’hui- ne ressemblait pas tout à fait à une loge maçonnique classique. Dans cette région de France viscéralement à gauche, berceau de Jaurès  et du père Combes l’anticléricalisme et la libre pensée fleurissaient et envahissaient les loges. Point de pavé mosaïque, des frères en cordon mais sans tablier, le mien au pays du cuir aurait dû être blanc, il fut marron.

Je me souviens vaguement de certains frères, de retraités fuyant l’ennui, d’un ponte de la Libre Pensée, plusieurs bouffeurs de curés, d’un bossu et d’un frère coiffeur qui n’était pas homo. Une autre époque vous dis-je! J’ai connu aussi des frères sympas mais beaucoup me déçurent, j’étais trop jeune, plein d’illusions sur le monde et les humains.

Ils avaient pour le moins une vision particulière de la maçonnerie. C’était surtout une loge en perte de vitesse, au bord de la dissolution. Manque de pot ! Initié maitre 3 ans après- trop rapide surement- un certain lendemain célèbre, le 11 mai 1981, je souffrais surtout de l’absence de mes frères et de leur indifférence.

Au chômage et père d’un premier garçon, dans une situation personnelle difficile aucun frère ne s’inquiéta pour moi. Donc sans regret je quittai la FM et ses frères peu fraternels, avant de rejoindre la Bourgogne pour travailler au CEA. Avec le recul j’attendais surement trop d’eux et eux n’avaient pas su estimer mon attente. A qui la faute ?

On ne mesure jamais assez l’attente des apprentis : première leçon maçonnique à retenir.

En Bourgogne, je tentai d’autres aventures : conseiller d’école, conseiller municipal, représentant syndical. Mais au fonds de moi il me manquait toujours quelque chose. Je sentais que j’avais approché la vraie maçonnerie mais que je ne l’avais pas touché. Ce fut chose faite en 1994 avec la loge de DIJON.

Après une douzaine d’années d’errance, je retrouvais le véritable chemin de la franc-maçonnerie authentique. Enfin ! Ne pas désespérer  et croire toujours en sa bonne étoile : voilà la seconde leçon maçonnique.

J’ai quelquefois été déçu par les maçons mais jamais je n’ai désespéré de la franc maçonnerie. La FM est une idée géniale, la maçonnerie est une association humaine imparfaite mais peuplé de gens de bonne volonté, de la trempe de ceux qui peuvent changer la société pourvu qu’ils en aient le courage et la volonté.

La vie m’a appris que dans les moments les plus difficiles on trouve souvent quelqu’un pour vous aider, mais il ne faut pas avoir peur, par fierté ou paresse de monter sa faiblesse ou son mal être : troisième leçon maçonnique.

Oui cette année 1978 fut une année terrible car elle marqua à jamais ma vie entière.

Cette expérience  a éclairé mon parcours maçonnique et aujourd’hui encore elle me servira j’en suis sûr dans ma fonction de vénérable.

Il y a une vingtaine d’années Delta m’accueillit, c’est avec humilité et gravité à la fois que j’occuperai le poste où vous n’avez élu avec une simple devise : « travailler sérieusement mais jamais ne se prendre au sérieux ».

Nouveau vénérable, je formule trois vœux pour notre loge : harmonie, travail, fraternité.

HARMONIE : au-delà de nos différences et de nos désaccords l’entente et l’union dans la loge sont primordiales

TRAVAIL : l’initiation passe par le travail individuel et collectif

FRATERNITE : l’essence même de notre Ordre, une fraternité initiatique.

J’ai dit.

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