LA THEORIE DES COMPLOTS


La Théorie du complot

Dans les 50 dernières années ce sont produit 3 événements dramatiques majeurs qui ont traumatisé les USA durablement : l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy dit JFK, la guerre du Vietnam et les évènements du 11/09/2001avec l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center. Pour 2 de ces 3 évènements des théories du complot ont vu le jour.

REVENONS A JFK :

JFK est un homme politique d’une dimension particulière.

C’est un visionnaire qui sait utiliser les mots qui touchent le peuple américain.

Il connait le pouvoir de la parole. Rappelez-vous quelques-unes de ces phrases célèbres :

« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Extrait du discours d’investiture - 20 Janvier 1961

« Ne nous reposons pas sur nos acquis, mais efforçons-nous de construire la paix, de vouloir que la paix soit dans le cœur et dans l’esprit de chacun. » Extrait de Discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 septembre 1963

« L'humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité. »Extrait du Discours aux Nations Unies le 25 septembre 1961

« Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois ») prononcée dans le discours qu'il fit lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, à l'occasion des quinze ans du blocus de Berlin.

We choose to go to the Moon (littéralement « Nous choisissons d'aller sur la Lune »), officiellement Address at Rice University on the Nation's Space Effort, est un discours prononcé le 12 septembre 1962 à l'université Rice, à Houston, dans lequel il promet de voir un Américain poser le pied sur la Lune avant la fin des années 1960.

C’est aussi l’homme le puissant de la planète après affaire des missiles de CUBA. La nouvelle de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy stupéfia le monde entier. Aux États-Unis, les gens pleuraient dans les rues et s'agglutinaient autour des postes de télévision aux devantures des magasins. Le couple qu'il formait avec son épouse Jackie, ainsi que son approche simple et directe, achevèrent de faire de Kennedy l'incarnation des espoirs d'une génération d’après-guerre.

Les trois jours suivant l'assassinat, sur les trois réseaux de télévision nationaux, on voit des gens désespérés dans la rue et on parle d’une génération sacrifiée.

 

Qui est Lee Harvey Oswald, l’assassin de JFK ? Un raté, expulsé URSS et dont CUBA n’a pas voulu, alors comment un « moins que rien » a pu assassiner l’Homme le plus puissant du monde ?

C’est inconcevable et seule une théorie du complot peut expliquer ce phénomène.

Alors on énumère les instigateurs possibles du complot : Lyndon B. Johnson, Cuba, l’Union soviétique, la mafia de Chicago, les anti-castristes, la CIA, le complexe militaro-industriel, l’extrême droite, les juifs, les Illuminati, les riches Texans du Sud, le FBI, les gauchistes, une liste sans cesse rallongée… L'assassinat de John F. Kennedy n'a jamais cessé de susciter diverses théories, dont certaines accusent les services secrets américains (film JFK d'Oliver Stone : assassinat présenté comme une sorte de coup d'État camouflé).

UN MOT SUR LA GUERRE DU VIETNAM :

Elle a duré de 1965 à 1975 pour la partie américaine, commencé par JFK et finit par Nixon celui qu’il battu aux élections, elle fit environ 60 000 morts côté américain mais plus de 1 million de morts côté vietnamien. 2 éléments mirent fin à cette guerre : l’ultra médiatisation par les journalistes américains présents sur place et l’opinion publique américaine qui ne voulait plus que ses jeunes aillent se faire tuer dans un pays lointain, dans une guerre dont les motifs ne semblaient plus légitimes.

ENFIN LES EVENEMENTS DU 11/09/2001 :

Après la chute du mur de Berlin et le déclin du communisme les USA se sentent invincibles, seule la montée des puissances asiatiques comme la Chine ou l’Inde conteste leur leadership. Loin géographiquement du théâtre des opérations, ils n’imaginent pas d’être la cible d’un attentat sur leur propre sol. Aussi les événements du 11 septembre, filmés et vécus en direct pat les USA mais aussi le monde entier constituent un traumatisme majeur, aussi fort que l’assassinat de JFK.

Après l’émotion et la colère viennent les explications officielles et surtout les théories du complot qui les contestent. Parmi celles-ci : le complot intérieur avec 2 versions, une division en deux catégories définies ainsi par le sociologue Webster G. Tarpley :

• thèse « LIHOP » (« Let It Happen On Purpose ») : le gouvernement a laissé survenir les attentats et avait donc une connaissance préalable de ce qui se préparait.

• thèse « MIHOP » (« Make It Happen On Purpose ») : le gouvernement a lui-même organisé et provoqué les actions terroristes sur son territoire. Les partisans de ces théories soulignent que différents éléments ou axes d'enquête ont été ignorés par le gouvernement américain et que le premier rapport du Congrès a été expurgé de 28 pages à la demande de l'administration Bush. Le fait que des agents aient été mandatés pour assurer l'évacuation de citoyens saoudiens hors du territoire des États-Unis au lendemain des attentats, afin d'éviter qu'ils soient interrogés, sème le doute, d'autant plus qu'au même moment tous les vols intérieurs étaient cloués au sol jusqu'au 13 septembre.

LIHOP « Let It Happen On Purpose » (laisser-faire délibéré)

Cette thèse va dans le sens d’une connaissance préalable, par le gouvernement américain, de ces projets d'attentats, et donc de la possibilité d’une « complicité objective » visant à tirer de leur survenue des bénéfices politiques ou économiques : 1. justification des lois sécuritaires ; 2. guerre en Afghanistan & en Irak ; 3. contrôle des ressources énergétiques au Moyen-Orient ; 4. délits d’initiés, destruction de nombreux éléments d'enquête sur les scandales financiers et boursiers — Enron, etc...

MIHOP « Make It Happen On Purpose » (déclenchement délibéré)

Cette thèse va dans le sens d’une implication directe du gouvernement (ou d'organisations liées à celui-ci) dans les attentats. Le but aurait été de produire un impact médiatique, émotionnel et politique maximum sur la population et le congrès américain traditionnellement hostiles à la guerre. Pour les tenants de cette thèse, l'administration Bush et les conservateurs avaient conscience que le soutien de la population à une nouvelle politique impérialiste américaine ne pourrait être obtenu rapidement qu'avec la survenue d'un événement catalyseur à l'image de l'attaque sur Pearl Harbor qui avait entraîné les États-Unis dans la seconde guerre mondiale.

Avec l’avènement d’internet une littérature abondante conteste la thèse officielle. Il y aurait de quoi faire un débat sur ce seul sujet, je vous renvoie aux sites conspirationnistes. Les attentats du 11 septembre 2001 sont actuellement l'objet de la théorie du complot la plus populaire selon le journal britannique The Economist.

Essayons maintenant de donner une définition de la théorie ou des théories du complot ? Une théorie du complot est le récit d'un événement à la lumière d'une conspiration qui est énoncée.

Elle est une "interprétation des événements suivant un plan concerté et orchestré secrètement par un groupe malveillant". L'expression "théorie du complot" doit être distinguée du conspirationnisme qui est le mode de pensée ou de discours qui la sous-tend.

« Un complot peut se définir minimalement comme un récit explicatif permettant à ceux qui y croient de donner un sens à tout ce qui arrive, en particulier à ce qui n’a été ni voulu ni prévu », écrit Pierre-André Taguieff, historien des idées et politologue.

Ce même Pierre-André Taguieff, identifie quatre grands principes de base des croyances conspirationnistes : "Rien n'arrive par accident ; Tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ; Rien n'est tel qu'il parait être ; Tout est lié, mais de façon occulte."

En fait pour les conspirationnistes c’est une tentative d’explication du monde, d’un monde inconnu qu’ils ne maîtrisent pas, alors ils inventent des grands dirigeants secrets, mais eux ne sont pas dupes et ainsi ils se revalorisent et par un retournement de situation étrange ils font partie des initiés, de l’élite qui explique le monde. Les conspirationnistes combattent ce qu’ils appellent le NOM ou Nouvel Ordre Mondial que l’on veut imposer de force aux citoyens.

1er bémol : - Les complots existent : ils ont existé, ils existent et existeront car c’est hélas dans la nature humaine de comploter. Mais avec la théorie des complots qui voit des complots partout difficile de distinguer le vrai complot de tous les autres inventés par les conspirationnistes.

Voyons maintenant quelques conspirationnistes célèbres :

Augustin Barruel : le curé conspirationniste

L’Abbé Augustin Barruel est un des premiers auteurs de thèses conspirationnistes à avoir connu une forte notoriété pour ses thèses alambiquées. Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, parues en 5 tomes entre 1798 et 1799, ce jésuite développait la thèse selon laquelle la Révolution française aurait été fomentée de concert par les illuminés de Bavière, les philosophes athées, les nouveaux templiers, les rosicruciens, les francs-maçons, et certains protestants afin de détruire l’Eglise et la royauté. Bien que rapidement rejetée par les historiens, cette théorie a été largement reprise et assimilée dans les milieux contre-révolutionnaires français au cours du dix-neuvième siècle.

Robert Eringer : le fou espion

Dans son livre, The Global Manipulators, publié en 1980, Robert Eringer a élaboré une théorie du complot autour du Groupe Bilderberg (Pentacle Books Royaume-Uni). Il y décrit un complot dont il est lui-même la victime, et qui aurait été organisé par les francs-maçons, les illuminati, et le Groupe Bilderberg. Le cas Robert Eringer est symptomatique de l’évolution de notre société. Avec lui, on sort des motivations idéologiques habituelles des garants de théories du complot pour entrer dans un conspirationnisme individualiste et consumériste. Comme un candidat de téléréalité, on ressent chez lui un besoin maladif d’avoir une existence médiatique, une notoriété, un semblant de reconnaissance. Le cas de Robert Eringer illustre surtout cette adhésion massive des personnes mentalement instables aux théories conspirationnistes, ces théories les confortant dans la paranoïa, la schizophrénie, la mythomanie ou la perversion narcissique, etc…

Thierry Meyssan : le conspirationnisme du 11 septembre

Les thèses sur les attentats du 11 septembre ont marqué un virage dans la propagation des théories du complot avec l’utilisation du net. Jamais les théories conspirationnistes n’avaient connu un tel impact avant l’attaque du World Trade Center. Etrangement, l’un des auteurs les plus influents à avoir énoncé ces théories n’est pas américain, mais français. Il s’agit de Thierry Meyssan, qui a publié en 2002 L'Effroyable Imposture, où il explique que les attentats du 11 septembre ont été organisés par « une faction du complexe militaro-industriel » américain. Ce ne serait donc pas Al Qaida, mais les Américains eux-mêmes, qui auraient planifié et élaboré la destruction du World Trade Center. Cette thèse a été marginalement reprise en Occident, mais les idées de Thierry Meyssan ont été largement diffusées dans les pays hostiles aux Etats-Unis, comme en Russie ou dans certains pays musulmans. Thierry Meyssan a également lancé diverses théories du complot au sujet de l’attaque de l’Afghanistan par les Etats-Unis, ou de l’assassinat de Rafic Hariri.

Evolution historique des théories du complot

Les théories du complot du XIXe siècle prennent comme responsables récurrents des sociétés secrètes apparues au siècle précédent, notamment les Francs-maçons et les Illuminati, mais aussi des groupes plus anciens comme les Jésuites.

Au milieu du XIXe siècle, au milieu de la controverse entre marxistes et anarchistes, Bakounine profère sa théorie du complot juif : « Tout ce monde juif, constituant une secte unique exploitante, une sorte de peuple suceur de sang, une sorte de parasite organique collectif et destructeur(…) est maintenant, au moins en grande partie, à la disposition de Marx, d'une part, et de Rothschild de l'autre [...] Le fait est que le socialisme autoritaire, le communisme marxiste, exige une forte centralisation de l'État. Et là où il y a centralisation de l'État, il doit nécessairement y avoir une banque centrale, et là où existe une telle banque, est la nation juive parasitaire, spéculant sur le travail des peuples. »

À la charnière du XXe siècle, on voit réapparaître les Juifs, cette fois complotant avec les Francs-maçons, avec le célèbre Protocoles des Sages de Sion. Au XXe siècle, les théories du complot deviennent un élément important de la culture anglo-saxonne avec l'assassinat de John F. Kennedy en 1963 et les attentats du 11 septembre 2001 ont généré un flot de contestation conspirationniste contre le gouvernement des États-Unis.

À l'aube du XXIe siècle, le filon du conspirationnisme est exploité dans de grands succès populaires comme X-Files ou Da Vinci Code.

Pourquoi les théories du complot ont autant de succès ?

Comment les théories du complot qui ont traversé l’Histoire sont-elles devenues si populaires ? Les chercheurs se sont penchés sur le succès des thèses conspirationnistes, de la Révolution française au 11 Septembre et ont trouvé 6 types d’explications :

1 Elles donnent du sens à ce qui n’a été ni voulu, ni prévu

Un complot c’est la volonté de comprendre un événement qui paraît inexplicable. Les textes conspirationnistes jugés fondateurs remontent à la Révolution française. Ils ont pris forme dans les milieux monarchistes et catholiques qui refusaient ce changement de régime politique. Et ils se développent lors de grands événements historiques, souvent traumatisants, comme la Première Guerre mondiale ou les attentats du 11 Septembre. « Les thèses semblent mieux fonctionner en période de crise. Ainsi, la fin du XIXe siècle ou les années 1930 ont été des périodes favorables à la naissance de ces textes », remarque Emmanuel Kreis, historien des courants ésotériques modernes et contemporains.

2 Elles apportent des réponses simples

Les auteurs des thèses alternatives opposent les incohérences et failles de la version officielle, à la transparence et à la simplicité de leur raisonnement. « Tout a été prévu, médité, combiné », écrit l’abbé Barruel dans ses « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme » de 1797, où il accuse les francs-maçons et des sociétés secrètes d’être à l’origine de la Révolution française. Il s’attache dans ce cas à un événement historique précis. Mais en même temps, il fournit une explication plus globale d’une conspiration contre l’Eglise.

3 Elles mettent en avant notre capacité à douter

« Les théoriciens du complot ne cherchent pas vraiment à démontrer ce qui est vrai, mais à prouver que l’autre camp ment », affirme Guillaume Brossard, co-fondateur de HoaxBuster.com, site francophone qui décrypte les rumeurs sur Internet. Les conspirationnistes partent du postulat que « derrière les apparences, il y a une autre réalité », explique l’historien Emmanuel Kreis. Douter est un réflexe positif. Être sceptique ne signifie pas forcément être conspirationniste, un terme porteur d’un jugement négatif.

4 Elles prouvent que les puissants mentent et manipulent

Au XIXe siècle, ce sont les puissances souterraines, les sociétés secrètes qui sont accusées de fomenter des complots. Les jésuites, les francs-maçons et les juifs constituent les trois cibles favorites. Jusqu’en 1950, la majorité des théoriciens viennent de l’extrême droite. Mais la mondialisation et la dureté croissante du capitalisme poussent l’extrême gauche à formuler à son tour des théories du complot. De nouvelles cibles apparaissent au XXe siècle dans les thèses : les élites économiques et politiques. L’attentat contre le président américain Kennedy en 1963 marque le développement des théories de conspiration venant de l’Etat, auxquelles sont souvent mêlés les politiques et les médias.

5 Les théories du complot donnent accès à une vérité cachée,

Ce qui est valorisant pour celui qui reçoit le message. Le philosophe français Robert Redeker évoque dans Le Monde du 30 mars 2008 les « avantages narcissiques de la croyance en cette théorie : son adepte s’épanouit dans le sentiment de détenir un secret d’une extrême importance. Il jouit d’en savoir plus que les plus grands savants ! »

6 Les théories du complot peuvent expliquer d'éventuels échecs personnels.

C’est, par exemple, l’explication classique donnée à l'antisémitisme d'Adolf Hitler dans le contexte de son parcours personnel. Le critique social H. L. Mencken, penseur individualiste et élitiste, voyait le conspirationnisme comme un symptôme de stupidité et une façon (qu'il dépréciait) d'éviter de se prendre en main et d'assumer ses failles.

2ème bémol : il existe bien une histoire secrète - cachée à côté de l’histoire officielle, Par des documents déclassifiés ou des archives dévoilées, on apprend des années après la réalité des événements. Les conspirationnistes font dans ce cas figure de précurseurs. L’histoire leur donne raison des années après que l’évènement se soit produit. Heureusement pas pour la majorité des évènements mais pour un petit nombre, noyé dans la masse.

REPRENONS QUELQUES EXEMPLES DANS L’HISTOIRE MONDIALE

Il existe de nombreuses théories du complot, qui attribuent des intentions perverses et un pouvoir démesuré à des catégories particulières d'individus (communistes, francs-maçons, juifs) ou à des institutions (Église catholique, gouvernements, organisations internationales).

Complot juif et complot sioniste

Le « complot juif » est une théorie du complot qui prête aux Juifs une volonté de dominer le monde. Ce mythe est particulièrement incarné par les Protocoles des Sages de Sion, dont je parlerai plus loin. Relevant originellement de l'antijudaïsme, les théories du complot juif sont plus élaborées que la simple allégation antisémite : ayant un auteur ou groupe d'auteurs précis, elles sont des constructions plus complexes et insistent sur l'accusation de domination. La théorie du complot juif connaît un regain de popularité en Europe durant les années 1930, années de crise, après avoir été développée dans le manifeste d'Adolf Hitler, Mein Kampf. À l'époque, une telle théorie est cautionnée principalement à droite et à l'extrême droite : la droite de l'époque est fortement nationaliste et hait donc autant le Juif apatride que le communisme, qu'elle attribue aux Juifs, tandis qu'à gauche le Juif est parfois accusé de contrôler la finance et se trouve parfois assimilé à la figure du capitaliste (en réalité cela était marginal ; en fait de nombreux leaders de la gauche étaient eux-mêmes Juifs ou d'origine juive, et furent d'ailleurs victimes d'attaques antisémites de la part de la droite - c'est par exemple le cas de Léon Blum).

Complots bolchéviques et antibolchéviques

L'URSS a eu recours à la théorie du complot, invoquant des complots des Mencheviks, des socialistes-révolutionnaires, des anarchistes ou de députés de l'ex-Constituante. Plus tard suivront la théorie du complot des Trotskystes qui aboutira à l'assassinat de Trotsky, le complot de sabotage des Koulaks ukrainiens pour expliquer la famine ukrainienne ou le complot des Jdanovistes, dit aussi « complot des blouses blanches », visant des médecins juifs, sous Staline, en 1950. Dans les années 1930, d'autres « complots » virtuels furent dénoncés et punis avec les Grandes Purges. Inversement, la révolution bolchévique a pu également être dénoncée comme un complot, mené en particulier par le « judéo-bolchevisme ». À l'époque de la décolonisation, certains ont développé que les guerres d'indépendance, comme celle de l'Algérie ou d'Indochine, ne seraient pas le fait des masses populaires, mais de factions d'opposition armées et financées par le Parti communiste soviétique ou d'autres pays étrangers pour s'approprier les ressources naturelles du pays.

Complots maçonniques et Illuminati

Les francs-maçons et des sociétés secrètes analogues, comme les Illuminés de Bavière, ont souvent été la cible de théories du complot, accusés qu'ils sont d'être une force agissant dans l'ombre. L'affaire des fiches en 1904 – fichage secret et ségrégation politique et religieuse réalisés par l'obédience maçonnique Grand Orient de France contre les officiers catholiques – a ravivé l'imagination. En Turquie, la Révolution Kémaliste serait due à un complot de la loge Union et Progrès, qui a créé le parti Jeunes-Turcs. La propagande de Vichy attribue la défaite de la France en 1940 à l'influence pacifiste de la Franc-maçonnerie sur les gouvernements du Front Populaire. Un prétendu complot synarchique sera également dénoncé par le régime de Vichy.

Complots catholiques

De nombreux ordres liés à l'Église ont été la cible de théories du complot à travers l'histoire, comme les Templiers. Les Jésuites ont également été régulièrement visés dans de nombreux pays : au Portugal et en Espagne, en Chine et au Japon, en Pologne et en Allemagne. Dès le début du XVIIe siècle, le faux Monita secreta les montre complotant pour conquérir l'influence politique et économique. Ils sont plus tard visés par une théorie du complot politique par les jansénistes et de nombreux protestants. Au XIXe siècle, ils sont désignés comme l'« Ordre noir » par Jules Michelet et Edgar Quinet qui attribuent, dans leur livre Les Jésuites, la Restauration et la Monarchie de Juillet à un complot des jésuites. Plus tard, l'Opus Dei passe à son tour pour une société secrète et financière qui contrôle les États.

Complots d'organisations internationales

À travers l'histoire, des organisations et des fondations politiques internationales ont été accusées de vouloir dominer secrètement le monde, comme le Groupe de Bilderberg ou la Commission Trilatérale. Les déclarations de David Rockefeller sont couramment citées comme des indices du caractère secret et des ambitions mondialistes de la Commission qu'il a créée. Complots américains Les États-Unis sont au cœur de nombreuses théories du complot. La question de l'intervention des multinationales américaines ou de la CIA dans les coups d'État de la seconde moitié du XXe siècle en Amérique latine (Bolivie, Panama) est controversée. Leur intervention est parfois historiquement documentée (le coup d'État chilien du 11 septembre 1973 par exemple) ; alors que dans certains cas seuls des soupçons alimentent l'idée d'un complot. La rumeur sur le programme Apollo selon laquelle l'engin ne se serait jamais posé sur la Lune et serait une mise en scène entre également, selon de nombreux commentateurs, dans le cadre d'une théorie du complot.

Complots d'origine extra-terrestre

Les principaux tenants de cette théorie sont Anton Parks et David Icke. Selon cette théorie, un nombre de preuves archéologiques important soutiendrait l'idée que toutes les théories du complot elles-mêmes auraient pour fonction de confondre les foules au sujet d'une vérité cachée, qui en fait masquerait une réalité plus grande et plus incroyable encore. Dans cette théorie, il est question d’extraterrestres (en général des reptiliens ou des petits-gris) dont le but est de maintenir l'humanité dans des « vibrations basses », de manière à les détourner de toute forme de spiritualité, et donc de liberté. Cette domination invisible, dissimulée derrière une illusion démocratique, serait relayée par les gouvernements, consciemment ou non.

Pour conclure, je vous parlerai d’un complot qui a joué un grand rôle dans l’histoire et continue de nos jours d’être considéré comme vrai par des millions de personnes dans le monde :

Les Protocoles des Sages de Sion intitulées aussi Les Protocoles des Sages d'Israël.

Ce livre est un faux qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les juifs et les francs-maçons. Ce document a été rédigé à Paris en 1901, par un informateur de l'Okhrana, la police secrète de l'Empire russe, Mathieu Golovinsk. Il plagie le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, pamphlet satirique décrivant un plan fictif de conquête du monde par Napoléon III, pour décrire un programme élaboré par un conseil de sages juifs afin d'anéantir la chrétienté et dominer le monde. L'auteur et ses commanditaires veulent convaincre le tsar et son gouvernement des méfaits d'une trop grande ouverture à l'égard des juifs de l'Empire, réputés comme les chantres inconditionnels de la vie moderne et intéressés au premier chef par un changement libéral de régime depuis que leur statut avait été dégradé par les gouvernements réactionnaires comme celui d'Alexandre III.

Le tsar refuse de l'utiliser, estimant que ce texte décrédibiliserait son action. Le livre réunit les comptes rendus d'une vingtaine de prétendues réunions secrètes exposant un plan de domination du monde qui utiliserait violences, ruses, guerres, révolutions et s'appuierait sur la modernisation industrielle et le capitalisme pour installer un pouvoir juif mondial.

Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf comme argument justifiant à ses yeux la théorie du « complot juif » et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich. Cette thématique du complot juif connaît aujourd'hui une popularité dans certains mouvements extrémistes au Moyen-Orient, ainsi le Hamas se réfère explicitement aux Protocoles des Sages de Sion dans sa charte. Réédité régulièrement dans les pays arabes ou dans les milieux antisémites, on le trouve aussi sur le NET.

C’est incontestablement un des rares ouvrages qui continue au XXIéme siècle à avoir un succès au-delà du temps et de l’espace.

 

En guise de conclusion : aujourd’hui la ou les théories du complot sont partout. Avec l’avènement du web et la multiplication des sites d’information « alternatifs », toutes sortes de théories et de désinformations peuvent désormais être mises en avant comme s’il s’agissait de réelles informations journalistiques. S’il est positif pour notre démocratie que les internautes ne se contentent pas d’aller chercher leurs informations sur les médias « traditionnels », ils doivent néanmoins rester prudents face à la recrudescence des théories du complot sur la toile.

A chaque événement extraordinaire une ou plusieurs théories du complot apparaissent, ainsi l’attentat de CHARLIE HEBDO n’y coupe pas : pour JM LE PEN c’est un coup des services secrets (lesquels ?) et sur le NET les conspirationnistes trouvent des scenarii complètement différents de la réalité.

Après tout, 3eme bémol, c’est une expression directe de la démocratie, plus un pays ment à ces citoyens, plus un pays cache des informations, plus la Théorie des complots va proposer des explications, des plus plausibles aux plus délirantes.

Le plus grave et le plus regrettable : la Théorie des Complots devient une « référence » pour toute une génération (de 10 ans à 40 ans et plus) qui ne voit que par Internet, qui n’a plus confiance dans le monde politique ni dans les médias classiques. Alors que faire ? L’exemple doit venir d’en haut : une vie publique saine avec des hommes politiques qui pensent à autre chose qu’à leur carrière ou à leur enrichissement, un monde des affaires moins opaque, plus transparent et des financiers moins voraces. Enfin, des médias totalement indépendants du monde politique ou économique.

On peut toujours rêver, non ?

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